L’intelligence collective des consommateurs induite par leur mise en réseau via internet, rééquilibre le rapport de force entre l’offre et la demande et provoque le raccourcissement de la chaîne de distribution.
Le revers de cette quête du plaisir est le rejet de la contrainte. Le succès du drive, et à plus forte raison le succès du « drive fermier » s’explique par l’allègement des contraintes qu’il suscite : solution à la « corvée de courses » (rayon->caddie->caisse->caddie->coffre) et au « gain de temps ». La diffusion du numérique encourage le phénomène en permettant l’accès à une alimentation de meilleure qualité (petites productions locales), d’un excellent rapport qualité-prix (sans intermédiaires), mis à disposition avec un niveau de service élevé (chargé dans le coffre, sans attente et avec du contact humain avec le producteur pour le drive fermier).
La prise de conscience collective qu’il est nécessaire et urgent de « changer de modèle » et de « changer d’échelle » commence à donner raison aux pratiques agricoles alternatives (agro-écologie, permaculture, agriculture diversifiée, …) et aux pratiques de distribution alternatives (amap, vente directe à la ferme ou sur internet, magasins de producteurs, drive-fermiers, …).
Le consommateur change. Recherche d’une alimentation orientée vers la qualité, la proximité, la traçabilité, le respect des saisons. Recherche de modèles de consommations durables et équitables encourageant les pratiques agricoles vertueuses. Recherche d’un service répondant aux exigences de rapidité, praticité, instantanéité et convivialité.
La généralisation d’internet dans les modes de vie des consommateurs accélère la mutation. La « redistribution des cartes » se joue maintenant.
Les agriculteurs qui ont compris la nécessité de travailler collectivement pour capitaliser sur la complémentarité de leurs production et la mutualisation des ressources dans le processus de vente directe. Lorsque ces 2 conditions sont réunies, ils disposent alors d’une forte attractivité auprès du consommateur (une vraie solution « courses alimentaires ») et d’une maîtrise de toute la chaîne de valeur (production, transformation, distribution). Les magasins de producteurs et les drive-fermiers sont encore peu nombreux mais leur potentiel de développement est considérable si les agriculteurs veulent s’affranchir des chaînes dont ils dépendent aujourd’hui et ne laisser à personne d’autre le soin de fixer le prix de leurs productions.
Au même moment, des enseignes de distribution d’un nouveau genre, qui ont bien compris le potentiel des circuits-courts, sont en train de développer leurs réseaux de supermarchés (O’tera, Frais d’ici, Grand frais, …) et fournir de nouveaux débouchés aux agriculteurs ayant fait le choix de la « vente en gros » plutôt que celui de la vente directe.
Partout en France aussi, des micro-entrepreneurs tentent de faciliter les échanges entre les consommateurs et les producteurs pour proposer une solution courses en circuit-court, via des start-up ayant créé des plateformes d’échanges sur internet (laruchequiditoui.fr, locavor.fr, md4s.fr, …) en logique click & collect (commande sur internet en point-retrait ou en boutique).
La grande distribution a de son côté lancée depuis plusieurs années des opérations « séduction » auprès des producteurs locaux pour tenter de répondre aux attentes de ses consommateurs et endiguer la baisse de ses parts de marché.
A qui cette « nouvelle donne » va-t-elle profiter ? Agriculteurs ? Nouvelles enseignes ? Micro-entrepreneurs ? Start-up ? Grande distribution ? Les jeux sont ouverts !
Aller plus loin sur ce sujet : C’est quoi exactement un drive fermier ? Créer un drive sur notre magasin fermier ? Conditions de succès d’un projet drive ? Les bonnes questions à se poser pour un projet de vente directe sur internet ? Quelle solution internet choisir ? Besoins de conseil pour un projet de drive fermier ?